Hors-Série : Tiphaine et les 4 Arthur, épisode 1
C’est l’été et dans un élan de dinguerie, j’ai eu envie de vous proposer un format différent pendant mes vacances. Ce sera une nouvelle, de la fiction en 5 épisodes. Il y en aura un par semaine. J’ai toujours adoré lire à la plage. C’est la première fois que j’arrive au bout d’une histoire, enfin presque, car à l’heure où je publie tout n’est vraiment terminé mais promis je vais m’en sortir. Je n’ai jamais été aussi terrifiée de balancer un post, mais je me suis beaucoup amusée à l’écrire, alors on va dire que c’est l’essentiel.
« Mais dis-moi, qu’est-ce que tu fais à rester là toi ? Tu es beaucoup trop beau pour rester près des poubelles ! ».
C’est comme ça que Tiphaine a abordé Arthur alors qu’elle ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam.
C’était un vendredi soir sur une terrasse parisienne. Arthur fumait une clope debout sur un bout de trottoir, proche d’un lampadaire et d’une poubelle de rue. Ni trop grand, ni trop petit, les cheveux châtains en bataille, mal rasé comme tout le monde, il avait une légère bosse sur le nez et une bouche charnue bien dessinée.
Tiphaine l’avait vu de loin, elle buvait une bière dehors, assise à une table avec des copines. Elle avait l’habitude de venir dans ce bar. Elle avait trouvé Arthur très mignon, avec son air un peu perdu de celui qui fume une cigarette tout seul sans ses potes. Elle s’était rapprochée de lui et lui avait lancé cash cette réplique qu’elle venait d’inventer. Il a eu l’air surpris, et puis il a franchement éclaté de rire.
Elle était coutumière de ce genre d’attaques kamikazes : ça faisait rire les mecs et elle était sûre de son coup. C’était pratique, c’était aussi une façon de séparer le bon grain de l’ivraie : un mec que ça amuse de voir une fille draguer « comme un mec », c’est qu’il a de l’humour, et moins de problème avec sa virilité que les autres. Il ne se sent pas menacé, ni ennuyé, ni choqué. Bref, un bon point !
D’ailleurs, un jour, elle discutait depuis des plombes avec un pote de pote dans une soirée, un blond sexy avec de très jolis biceps. Ils rigolaient bien tous les deux mais rien ne se passait. Ils discutaient, et pas un ne tentait un mouvement vers l’autre. Le blond ne lui avait même pas effleuré le bras. Un comble. Il exagérait tout de même. Alors, au bout d’un moment, la patience n’étant pas sa première qualité, elle a fini par lui dire : « Et sinon, je fais les meilleures pipes de Paris. Intéressé ? ».
Attention, cette cascade n’est pas à reproduire si on ne maitrise pas l’art de la chute derrière, celui de la bonne réplique, c’est un truc de professionnelle de la drague agressive, comme faire du genou pas vraiment discrètement, sous une tablée de copains, à un crush qui n’a rien demandé.
Le blond avait changé de couleur, il avait ri, mais nerveusement, et puis tout à coup, il lui avait proposé un shot. L’affaire était dans le sac. Des mois après, quand ils étaient devenus potes et avaient arrêtés d’être amants, il lui en parlait encore, toujours pas remis.
Arthur faisait donc partie du bon grain. Après avoir cessé de rire, il a engagé la conversation :
« C’est que tu ne m’as pas laissé de place à côté de toi !
- Il y a bien sur mes genoux, mais je crois qu’on se connaît pas encore assez !
- Ça peut s’arranger ! Moi c’est Arthur, mes potes sont à l’intérieur et j’avais une furieuse envie d’une cigarette alors qu’ils ont tous arrêté de fumer. La poubelle, c’était pour me rappeler qu’il faut que pense à jeter tous mes paquets. »
Il était mignon, il avait de l’humour et entre eux la conversation était fluide, enjouée, douce. Il y avait comme de l’électricité dans l’air. Ils ont parlé de leurs métiers : pas les mêmes. De leurs soirées : les mêmes. De leurs copains : tous en train d’arrêter de fumer et pas eux. De leur situation matrimoniale : célibataires ! A la sortie, Tiphaine a pris son numéro, lui, il devait continuer la soirée ailleurs – un anniversaire – et elle se levait tôt le lendemain. Dire qu’ils ne s’étaient même pas embrassés.
Le lendemain, elle avait deux trois papillons dans le ventre. C’était agréable comme sensation. Ils se promenaient au beau milieu de son estomac et ça lui faisait comme des petites décharges de bonheur. Elle allait envoyer un message à Arthur, pour lui demander comment s’était passé cet anniversaire où il n’avait pas envie d’aller et essayer de se revoir, vite, histoire de ne pas perdre la magie de cette soirée dans les limbes.
C’est là qu’elle a réalisé qu’elle avait encore merdé avec son répertoire.
Dans sa vie, elle avait connu beaucoup d’Arthur. Ce prénom était une constante qui revenait tout le temps, elle se disait que ça devait arriver à plein de gens. Elle, c’était les Arthur, peut être que d’autres c’était les Pierre ? Et d’autres les Antoine ?
Alors son téléphone, il était plein d’entrées quasi identiques : « arthur » « arthur » « arthur 1 » « arthur 2 » « Arthur BG ». Il y avait en tout et pour tout huit Arthur qui défilaient devant ses yeux, et elle n’avait plus la moindre idée de qui était celui de la veille
Alors, Tiphaine, comme à son habitude a décidé de lancer une attaque kamikaze en envoyant le message suivant à chacun :
« Arthur ! Tu es parti hier et on n’a même pas parlé du prénom de nos enfants alors que tout se passait si bien ! On se rappelle pour boire un verre ? »
Parmi les huit, seuls quatre Arthur ont répondu.
Alors, bienvenue dans l’histoire de Tiphaine et des quatre Arthur.
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