On me demande souvent : « Mais enfin, comment tu fais, tu as toujours de nouvelles histoires à raconter ? ». Sur Instagram, une lectrice – que je remercie, j’adore toujours avoir des retours de lecteurs – me demandait comment je faisais pour choper autant.
Alors, comment dire… C’est vrai. J’ai une méthode.
Déjà, soyons clairs, je plaide coupable. J’adore draguer les garçons. J’adore croiser leurs regards, échanger des sourires, faire des blagues en soirée, partager des moments chouettes pour une soirée, une nuit, deux semaines ou bien plus. J’adore savoir qu’il y a toujours un petit truc sur le feu, un date à organiser, un message à envoyer, une nouvelle personne à découvrir. Des choses à apprendre sur eux et sur moi dans la bataille ! J’adore me dire que lui et moi ça va créer une dynamique inédite. J’adore l’excitation liée à toutes ces histoires. J’adore les raconter le lendemain. Ça me fait rire, et je ne vais pas vous mentir, mais je crois que la chope, c’est mon loisir préféré.
En ce moment, j’aime les garçons à casquette ou à chemises farfelues, alors j’écume les bars à chopes du 18ème, du 11ème, les open-air et les clubs house. J’appelle désormais ça « les bons coins à champignons ». Rien à voir avec les IST. Dans ces lieux je me dis « ah mais tout le monde est beau ici, c’est fou ». Ces endroits ils sont fait pour ça : s’amuser, discuter, danser et rencontrer. Je me sens au bon endroit. J’y trouve ma came, des mecs qui me donnent chaud, des types que j’ai envie d’embrasser. Des garçons qui sont d’accord pour m’embrasser même. Peut-être que j’y trouverai l’homme de ma vie un jour, mais en attendant, on déconne et c’est déjà pas mal.
Mon truc, c’est de regarder. J’ai les yeux qui trainent, je repère le brun mignon au bar, le blond sexy près du DJ, le mec qui a des beaux cheveux sur la piste. Dans ces coins-là, les gens disponibles, ils font exactement comme moi, ils regardent. Alors fatalement, on finit par se regarder, entre gens en quête d’aventure(s). On se parle à grands coups de regards pour se dire si on s’intéresse ou non. Les regards qui disent oui, ils reviennent, une fois, deux fois, trois fois. Ils disent « allez, viens, je t’attends ». C’est toujours comme ça que je sais si ça va le faire. Il y a un truc indescriptible qui passe, il y a une accroche. Si cela ne se fait pas, je continue mon chemin, je retrouve les copains ou bien je vais danser. Ensuite, c’est jamais très compliqué de se parler, ça sert à ça les coins à champignons, on se promène, on est debout, on danse, on se croise, on se frôle, on a toujours l’occasion de se dire un truc. Parfois, juste « bonjour » ça suffit pour amorcer le début de quelque chose.
Dans un bar du 18ème, il y avait ce garçon à casquette rouge dont j’ai croisé le regard et le chemin plusieurs fois. Un petit éclair était passé, ma pote m’a dit « lui, tu lui plais ». Alors je suis allée lui parler de sa casquette. Elle était marrante. Il a esquissé un sourire puis et il est reparti sans vraiment me répondre, l’air perdu. Mais il a continué à me regarder de manière encore plus intense et il était mystérieusement toujours sur mon chemin, que ce soit aux toilettes, sur la terrasse ou près du comptoir. Ma pote m’a redit : « mais oui ! ». Alors j’y suis retournée : je lui ai reparlé de sa casquette, encore. Cette fois, il a embrayé direct : « on prend des shots ? ». Ah ! Je savais bien. Il était un peu timide et je l’avais surpris à venir lui parler, il me l’a avoué après.
Un autre soir, j’étais dans un de mes coins à champignons préféré : une fête house dans un cirque. J’errai avec les copines dans un des chapiteaux, et mes yeux se sont posés sur un grand brun avec une barbe douce. Pas de casquette, pas de chemise farfelue. Mais, vous savez, les grands bruns à barbe douce, ça a occupé toute ma jeunesse. Mon regard a dû être un peu insistant : on revient toujours à ses premières amours. Ça l’a intrigué :
« Pourquoi tu me regardes ?
- Oh, bah j’en sais rien, bonjour ?
- Bonjour. »
Il a prononcé ce bonjour avec un grand sourire. Il avait un air à faire des blagues tout le temps et en même temps il me donnait chaud. Sexy avec beaucoup d’humour : définitivement tout ce que j’aime. J’ai arrêté net mes pérégrinations pour poursuivre la conversation. Il s’est rapproché de moi. Je portais un legging farfelu, histoire de m’intégrer au milieu de toutes ces chemises. C’était un bon point de départ pour briser la glace :
« Où as-tu trouvé un legging pareil ?
- Sur Internet, je sais, c’est pas bien.
- En tout cas c’est réussi, c’est dans le thème.
- T’es venu avec qui ?
- Avec des potes qui sont par-là, et toi ?
- Avec des potes : on trouve que c’est un bon coin à champignons ici.
- Un coin à champignons ?
- Oui, tu sais, un endroit où faire de jolies trouvailles.
- Donc moi, je suis un champignon ?
- Oui, une petite pleurotte ! Ça te va comme surnom ? »
Cela lui allait. C’était un beau brun de 37 ans, il n’était pas ingénieur et il avait sa main sur ma taille. C’est le signal ça, le toucher. On rentre en contact avec l’autre, on goûte sa peau ou ses vêtements avec le bout de nos doigts, histoire de savoir si le courant passe vraiment. Moi j’avais posé ma main quelque part sur son biceps gauche, pareil, pour voir. Doucement, léger, sans trop appuyer, juste pour lui dire « tu me plais ». On se parlait proche pour s’entendre, ses lèvres n’étaient plus très loin. Alors s’il était possible de me coller encore plus à lui, je l’ai embrassé. Ses bras se sont enroulés autour de moi. Il embrassait bien. C’était parti jusqu’à la fermeture.
Quand on s’est revus, on a commencé par essayer de se souvenir des circonstances exactes de cette rencontre. J’ai dû lui expliquer que j’étais un peu une experte de la chope, et qu’en général ça mettait 15 minutes, gros max. Il m’a dit en rigolant que lui aussi était fort à ce petit jeu, et que nous réunis ça avait donc pris en tout et pour tout 7 minutes.
Faut croire que lui aussi, c’était son loisir préféré.
Promis, la semaine prochaine, on parlera du Baroudeur au grand cœur, je sais que vous attendez la suite.