Quand les voyants sont au vert
Chaque année, c’est la même chose : la troisième semaine de novembre c’est mon anniversaire. Je suis née la semaine du Beaujolais Nouveau, je crois que ça en dit long sur moi, même si je ne sais pas encore trop quoi.
J’aime bien mon anniversaire. Tout le monde déteste novembre en général, il fait froid, il fait nuit de plus en plus tôt et il pleut. Alors la perspective de rassembler tous les gens que j’aime pile à ce moment-là de l’année me met toujours un peu en joie. J’ai toujours bien aimé le fêter, même si à l’époque où je me trainais mon anxiété d’abandon comme un boulet je vivais toujours mal les annulations et autres grippes de dernière minute de mes invités.
J’aime bien mon anniversaire car c’est aussi l’occasion de faire un bilan, celui de l’année écoulée. J’adore les bilans, regarder en arrière et voir tout ce qui a bougé depuis. L’an dernier, c’était pile le moment où j’avais choisi d’aller bien après une rupture pénible, celui où j’avais lancé cette newsletter comme cadeau à moi-même. J’insiste sur le mot « choisi », même si je sais que c’est un peu de droite d’affirmer que le bonheur c’est qu’une affaire de volonté. J’avais choisi d’aller bien car j’avais enfin décidé d’assumer ma radicalité.
J’avais décidé de plus jamais vivre en demi-teinte, de ne plus rester dans des situations moyennes, médiocre, qui laissent un goût amer, de m’entourer de gens que je trouve tous géniaux et doux, bien qu’un peu zinzins, de ne faire que des bonnes soirées, d’aller draguer les plus jolis garçons du club et de passer les meilleures vacances possibles. Ce qui fait que depuis ce jour-là, j’ai été super heureuse, de manière globale et entière, et qu’au final tout ce qui a été pénible comme changer de boulot, les problèmes de crushs et autres chopes dilettantes, n’aura créé que des inconvénients très mineurs qui ne m’ont jamais empêchée de rigoler par ailleurs. Un peu comme si j’avais été immunisée contre la tristesse et l’anxiété de long terme.
La soir de mon anniversaire, on avait réservé quelques tables dans un bar avant d’aller en club danser. A un moment donné, je suis allée au bar me chercher un verre. Quand je suis revenue vers mes potes, ils portaient tous une perruque brune et des vêtements léopard : « tu as vu on s’est tous déguisés en toi ! ».
J’ai éclaté de rire et je me suis dit que ce choix de la radicalité dans la déconne avait été la meilleure idée que j’ai jamais eue. Cette équipe de doux-dingues est merveilleuse.
Je ne sais pas si vous vous souvenez mais l’an dernier, j’avais parlé de mes red flags en amour (ici). Si je devais résumer je dirais qu’en vrai, mon red flag absolu c’est le contrôle. Je ne supporte pas qu’on essaie de me contrôler, cela me rend dingue. Qu’on me dise quoi faire, comment m’habiller, comme m’améliorer, comment me comporter. Je déteste au moins autant les gens contrôlants que ceux qui partent de la soirée à 22H30.
Avant je laissais faire, je laissais la cocotte se remplir jusqu’à l’explosion. Puis quand j’explosais, personne ne comprenait pourquoi, vu que je n’avais rien dit avant. J’ai appris chez ma psy que c’était un comportement passif agressif, et j’ai trouvé ça nul. Avec PetitEx, ma psy, toujours elle, m’a fait prendre conscience que j’étais juste perpétuellement en colère car, entre autres, il m’emmerdait à vouloir me contrôler, et que comme je ne disais rien, ça mijotait au fond de moi. C’est là que je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à repérer ces red flags et à intervenir très vite avant que les choses ne dégénèrent. En communiquant par exemple, mais aussi en m’entourant de gens capables de communiquer. J’ai finalement appris à repérer un peu plus ces signaux d’alerte, et à exprimer ce qui me blessait sans tout faire péter.
En février, souvenez-vous j’avais ramené Trophée d’After, on papotait tranquillement, moi sur mon canapé, lui en train de fumer une clope à la fenêtre. On parlait de sujets persos, sensibles, comme souvent à ces heures-là. A un moment de la conversation, il a dit un truc qui a allumé mon alarme interne. Un truc un peu dirigiste, sur comment je devrais me comporter. Alors, un peu plus tard, j’ai fini par lui demander de partir, gentiment, je crois, car je me sentais oppressée par sa présence. Il faisait 1m92 et j’avais trouvé que soudainement il prenait une place de dingue.
A la fin de cet article, j’avais aussi dressé un portait robot de la personne que j’allais chercher pour la suite, pour quand je serai prête.
« Ton job c’est la douceur et le plaisir. C’est les conversations passionnantes et les fous rire mémorables. C’est m’acheter un pain au chocolat le matin, et choisir le film du soir quand je ne vais pas bien. Moi, je vais faire tout mon possible pour t’offrir exactement ça pendant le temps qu’on a toi et moi. Puis, si on réussit ça, peut-être qu’on aura envie de construire ensemble quelque chose d’incroyablement solide. »
C’était pas tant une personnalité, un physique, un look, une CSP, un boulot, ou que sais-je encore qui m’intéressait, c’était une qualité de relation. Un lien, une dynamique.
A l’époque, ça m’avait paru révolutionnaire. Radical.
L’autre jour, j’étais au fond de mon lit avec une gueule de bois d’anglaise, à subir. Monsieur Mobilité Douce m’a écrit « j’arrive avec de la nourriture, ça te fera du bien», et il débarquait, une heure plus tard, avec un tupperware de nouilles chinoises, de la purée maison et la dernière figue de son jardin.
Alors, finalement, cette douceur et ce plaisir, je crois qu’on y est, tout bêtement.
Je crois même qu’à la place des red flags, on va dire que tous les voyants sont au vert.
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Je sais, je ne fais que du cheesy en ce moment, mais si vous avez bien lu toute l’année qui s’est écoulée, ça fait aussi partie des choix que j’ai fait, de raconter les jolies choses, de voir le meilleur des gens, même des pires affreux d’after, parce que je trouve ça plus sympa de mettre de la douceur et de l’optimisme dans vos boîtes mails.